Délit de solidarité

Voici des extraits de l'article de Philippe Lioret, cinéaste (Siné-hebdo de cette semaine p.10) :

"Voilà, c'est fini, la proposition de loi visant à dépénaliser le "délit de solidarité" envers les migrants et sans-papiers (passible, je le rappelle, de 5 ans de prison et 30000 euros d'amende) a été rejetée par l'Assemblée nationale. J'y étais venu, le 30 avril, pour assister aux débats, et n'ai, en fait, assisté qu'à une effarante parodie de démocratie : Copé (UMP) a provoqué un incident de séance suite auquel Karoutchi (UMP) a décrété le report de l'ensemble des votes au 5 mai. A ce moment, 90% des députés de la majorité ont alors quitté l'hémicycle, refusant ainsi de participer à la discussion, et ne sont revenus que le mardi suivant pour voter contre cette proposition de loi sans en débattre donc, et sans même en connaître l'exacte teneur. Du jamais vu dans la Vème République, une honte ! (...) Ce dossier du "délit de solidarité", je le connais bien - avec E. Courcol et O. Adam, nous avons construit le scénario de Welcome autour de lui. J'ai donc pu constater que, de la part du ministre Besson et des députés UMP- qui, même si cela doit ébranler leur intime conviction de justice humaine, se rangent à la "voix de leur maître" - tout n'a été qu'approximations, mensonges et fermeture. Je ne peux m'empêcher de penser que les autres dossiers, ceux que je connais moins bien, voire pas du tout, sont traités sur le même mode que celui-ci. Et prendre avec inquiétude la mesure du danger qui nous guette."
Philippe Lioret est l'auteur du film Welcome, décrivant la situation d'un citoyen mis en cause pour avoir hébergé et nourri un jeune Kurde voulant rejoindre sa fiancée et qui meurt noyé près des rivages d'Angleterre. L'AMAP, association apolitique, l'amitié des peuples du monde, sera-t-elle un jour considérée comme criminelle ?